•  

    à suivre,

    à lire dans "lenouvelObs" ;

    les bases de la réforme de l'ordonnance de 1945...


    votre commentaire
  •  

    Multirécidiviste hors norme
    L'enfant aux 100 délits
    Magistrats et éducateurs ont tout tenté. En vain. Depuis l'âge de 10 ans, il enchaîne larcins, agressions et fugues. Jusqu'à un dernier vol de voiture qui s'est terminé par un terrible accident. Récit d'une catastrophe annoncée


    <texte>On peut être un enfant et avoir moins d'espoir qu'un vieillard en bout de course. Saïd ( 1 ) a 13 ans, et personne ne sait ce qui pourrait le sauver. Son parcours judiciaire est déjà si long ! Depuis 2004, la police l'a interpellé près de cent fois, des dizaines de délits lui sont imputés, avec une prédilection pour le vol de vélos et de téléphones portables, parfois avec violences. Comme une boulimie de délinquance, Saïd s'est forgé un palmarès hors du commun. Il est devenu un cas d'école. Tout ce que la France compte d'institutions - justice, école, assistance sociale, éducation, médecine - s'est penché sur lui. A une époque où certains croient pouvoir résumer la délinquance à une prédisposition génétique, il pourrait être un objet d'étude en laboratoire : pourquoi ce que la société a inventé pour protéger et dompter les mineurs ne marche pas sur lui ? Pourquoi résiste-t-il aux mises en garde, à l'affection comme aux sanctions ? Pourquoi ne se soumet-il à aucune autorité ? Pourquoi rien ne semble pouvoir enrayer sa fuite en avant ? Pourquoi ce triste sentiment d'un enfant qui va dans le mur sciemment ? Dans la nuit du 3 au 4 mai, ce n'est pas un mur, mais une Citroën Berlingo qu'il heurte de plein fouet. Saïd était au volant d'une petite voiture, volée. Il est plus de 3 heures du matin. A la sortie d'une longue courbe, les phares de la voiture arrivant en face lui sautent au visage. Trop tard. La Ford Fiesta s'encastre dans le côté passager de la Citroën, épargnant miraculeusement son conducteur. De la tôle, on ressort le corps de Saïd. Evacué dans un état très grave vers l'hôpital, il restera dans le coma une semaine. A ce jour, les médecins ne peuvent dire quelles séquelles il gardera de cet accident. Saïd est né le jour de Noël 1993. Famille ordinaire, quartier populaire, ville moyenne, sud-est de la France. Ce n'est pas le quartmonde, la mère travaille comme aide-soignante. En 1999, il a 6 ans quand ses parents se séparent. C'est à cet âge-là que son école le signale pour la première fois au juge des enfants. L'homme a une quarantaine d'années et de l'expérience. Il prend une chemise cartonnée, écrit son nom dessus et se penche sur le minot. Il ne se doute pas que, huit ans plus tard, les dossiers de Saïd auront colonisé les placards de son bureau. Il ne se doute pas que ce petit-là lui résistera. Le garçonnet est agité. Depuis la maternelle, les enseignants sont désarmés par son comportement. Indocile, incapable de se concentrer, il perturbe la classe et se bagarre beaucoup. Les punitions, les mises au coin, les t'es-privé-de-récré, les tu-vas-voir-ceque-tu-vas-voir n'y font rien : Saïd ne rentre pas dans le rang. On conseille à sa mère de consulter un pédopsychiatre, qui confirme que l'enfant vit mal la séparation et l'absence de son père. Mais Saïd n'est pas psychiatriquement malade. Qu'importe ! L'école ne veut plus de cet élément perturbateur. On le place en institut de rééducation. C'est le début d'une longue errance d'un centre à l'autre. Le début des va-etvient qui rendent fou. Car sa mère a beau ne pas s'en sortir, elle ne se résout pas à le voir quitter son giron. Elle appelle au secours, demande de l'aide, puis la refuse. C'est le paradoxe infernal sur lequel ne peut se construire un enfant : elle l'aime d'un amour fusionnel, excessif, et le rejette violemment dans la seconde qui suit. Ces deuxlà ne se trouvent jamais en paix. Les psys appellent ça une « carence au niveau des liens primaires », ceux qui se constituent dans les premières semaines de la relation mèreenfant. Un père volatilisé dans la nature, une mère qui alterne entre le rejet et l'amour étouffant, Saïd ne sait pas sur quel pied danser. De toute façon, il ne danse pas. Pour ne pas souffrir, il bouge. Tout le temps. Il passe à l'acte pour ne pas s'écrouler psychiquement. Il a 10 ans quand il commence à voler. Le juge lui dit que c'est mal, il baisse la tête. Et puis il recommence. Un vélo pour se balader. Un téléphone pour passer un coup de fil. Très vite, il se construit une petite notoriété dans le quartier. Saïd le minicaïd traîne dans la rue, toujours prêt à rendre service. Des plus grands l'utilisent certainement ; il a moins de 13 ans, il ne risque rien. Ou si peu : les admonestations du juge sont aussi fermes qu'inutiles. L'été dernier, il sort du tribunal, où il vient de se faire remonter les bretelles. Besoin d'un vélo pour rentrer. Il bouscule un cycliste. Enfourche son engin. Ce n'est plus de la récidive, mais de l'infraction permanente. On le place en foyer, il fugue. En famille d'accueil, il ne reste jamais longtemps, relié comme par un élastique à son quartier. Les voisins n'en peuvent plus. Ils appellent la police. Ils écrivent au procureur : le gamin leur fait peur. Il dort dehors, à ses périls. Il connaît la rue et ses sales coups. Un jour, c'est dans son ventre qu'une lame de couteau se plante. Il va à l'hôpital se faire recoudre, mais ne se plaint pas. Le bien, le mal, il ne sait pas trop ce que cela veut dire, y compris le mal qu'on peut lui faire. Never explain, never complain, Saïd est de la trempe des endurcis. Le juge des enfants ne se souvient pas de l'avoir vu pleurer. Eté 2005, il a 11 ans et demi. Il est retrouvé par une patrouille, endormi dans des ruines romaines. Il tente de s'enfuir. Se débat à coups de pied, de morsure et de crachat. Maîtrisé et conduit aux urgences par les pompiers, il frappe les médecins. Six jours plus tard, sa mère signale qu'il l'a agressée, qu'il était comme fou. Il est hospitalisé. Quand il ressort, tout recommence. Totalement déscolarisé, Saïd vit la plupart du temps dans la rue. Il multiplie les vols, de plus en plus souvent violents. La mère est dépassée. Puisque ni l'école, ni la justice, ni l'éducatrice n'ont rien pu faire pour remettre Saïd dans le droit chemin, elle songe un temps à appeler le patron des causes désespérées, Julien Courbet de TF 1. Mais la justice a deux ou trois mots à lui dire avant la gloire télévisuelle : les parents de Saïd sont convoqués devant le tribunal correctionnel pour manquement à leurs obligations parentales « compromettant la santé , la sécurité , la moralité ou l'éducation » de leur fils. Elle s'y rend. Le père déserte. En avril 2006, ils sont condamnés à un mois de prison avec sursis. La peine est confirmée en appel. Mais elle n'a aucun effet sur le comportement de Saïd. En novembre dernier, juste avant le fatidique 13 e anniversaire, qui signera son entrée dans l'âge des « incarcérables » - un mineur de moins de 13 ans ne peut être privé de liberté -, le tribunal des enfants organise un procès-fleuve. L'idée est de frapper un grand coup. De le confronter à ses victimes, réunies dans une drôle d'amicale. 55 affaires sont retenues. Un jeune avocat est commis d'office. Un des rares de la ville à n'avoir pas encore rencontré Saïd. Ses confrères le préviennent : le gamin est un cas, il se moque de tout. Pourtant l'avocat découvre un enfant inquiet. Un préado qui dit vouloir « aller à l'école », apprendre le métier d'électricien. L'audience se tient à huis clos. Avec des moments d'espoir, quand Saïd présente ses excuses à une victime, et d'accablement, quand, à la victime suivante, il n'a qu'un borborygme inaudible à adresser. Au bout de la journée, il est « condamné » à un placement en centre éducatif renforcé ( CER ). Le juge des enfants a obtenu une dérogation du ministère de la Justice : même s'il n'a pas encore 13 ans, le garçon peut être placé en CER, une structure adaptée à la délinquance adolescente récalcitrante. Il intègre un établissement à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui. Il est avec cinq autres délinquants. Une équipe d'éducateurs et de psys s'occupe de lui. Il tente bien d'en fuguer deux ou trois fois, mais revient. Il y a laissé le souvenir d'un enfant épuisant, mais attachant, très seul, très triste. Il est secret et méfiant. Impulsif et risque-tout : un jour, en randonnée dans la montagne, il se précipite dans une pente rocailleuse à toute allure. L'éducateur ne le suit pas, trop dangereux. Au CER, Saïd s'ouvre à la psychologue, un peu. Il provoque aussi souvent des bagarres avec les autres pensionnaires, un regard de travers peut le faire partir en vrille. Il ne se fait pas d'amis. En janvier, il agresse un éducateur avec deux autres ados du CER. On le renvoie donc. Retour case départ. La rue. Saïd a grandi. Il est maigre. Son crâne est rasé. Il n'est plus tout à fait un enfant, pas encore vraiment un adolescent. Il passe voir le juge des enfants à plusieurs reprises. Il est placé dans une nouvelle famille d'accueil. En avril, il est interpellé plusieurs fois par la police, qui lui reproche des vols de scooters. Il sait que voler une voiture est un passeport pour l'incarcération, mais il continue, irrésistiblement attiré par la catastrophe. Comme s'il cherchait éperdument des limites. Comme s'il ne s'accordait aucune chance de s'en sortir.

    ( 1 ) Conformément à l'ordonnance de 1945 qui impose la protection de l'identité des mineurs victimes ou délinquants , le prénom est fictif et tous les éléments permettant son identification ont été gommés . </texte>

     

    Isabelle Monnin
    Le Nouvel Observateur


    votre commentaire
  •  

    Walter Bassan et les citoyens mobilisés aux Glières le 13 mai 2007 aux Glières (photo AFP)


    votre commentaire
  •  

    correction faite...

    pour archive...

    Courage Claude ; Sarko a demandé "les oreilles et la queue" du MODEM...


    votre commentaire
  •  

    http://www.hubertvedrine.net/  (on peut même lui écrire !!! L'inviter à spontanément conclure la dite-réflexion ?)

    Ouverture à l'est ? Ouverture à l'ouest ?

    Complètement azimuthés !?!


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique